mardi 7 juillet 2015

Enterre mon coeur à Wounded Knee



Nom du titre en V.O : Burry my heart at Wounded Knee
Nom du titre en V.F : Enterre mon cœur à Wounded Knee
Auteur : Dee Brown
Date de parution : 1994
Edition : Albin Michel




"Quand l'homme blanc entre dans mon pays, il laisse une traînée de sang derrière lui. "
Red Cloud


Résumé
Largement fondé sur des documents inédits – archives militaires et gouvernementales, procès-verbaux des traités, récits de première main ce livre exceptionnel retrace, de 1860 à 1890, les étapes qui ont déterminé « la Conquête de l’Ouest ».
De la Longue Marche des Navajos au massacre de Wounded Knee, il se fait ici la chronique de la dépossession des Indiens de leurs terres, de leur liberté, au nom de l’expansion américaine. Si l’Histoire a souvent été écrite du point de vue des vainqueurs, Dee Brown donne la parole aux vaincus, le Cochise à Crazy Horse, de Sitting Bull à Geronimo, et compose un chant tragique et inoubliable.

Mon avis
Etant passionnée de culture amérindienne, lorsque j'ai pu me procurer ce livre, je n'ai pas hésité. De plus, les excellentes critiques que j'ai pu en lire ont grandement influencé ma décision. Et pour que je lise un livre si peu de temps après me l'être procuré, c'est que vraiment, il me faisait envie.

Ce texte historique retrace l'histoire des amérindiens et des guerres qui les ont opposés aux Blancs entre 1860 et 1890, durant ce que l'on appelle "La Conquête de l'Ouest". Basé sur des rapports et des archives militaires, des traités et des témoignages qu'ils soient de soldats, d'Indiens hommes femme ou enfants, ce livre blindé d'émotions relate la souffrance des différents peuples Indiens, des Navajos aux Cheyennes, en passant par les Sioux, les Arapahos, les Kiowas ou encore les Comanches. De plus, le fait que ce livre soit entièrement narré du point de vue des Indiens, nous offre une vision de ce qui s'est réellement passé avec une sincérité et une véracité exceptionnelle, sans accommodement ni détournement de la vérité comme trop souvent constaté dans le cas contraire.
De par un énorme travail de recherche et de documentation, l'auteur nous soumet un livre d'une grande précision que ce soit historique ou chronologique. Et le fait que le livre soit parsemé de témoignages ajoute à la qualité et à l'intensité du livre.

C'est avec impuissance et avouons-le, non sans honte que l'on suit le déroulement de l'histoire au fur et à mesure que l'on tourne les pages. Ce livre, en plus de me bouleverser au point de m'en faire pleurer, m'a complètement révoltée ! A plusieurs reprises, l'injustice chronique dont ont été victimes les Indiens, la fourberie et la cupidité de l'homme blanc m'ont amené les larmes aux yeux au point de m'en faire bouillonner de colère et de honte. Honte des hommes et de leur avidité qui, pour de l'or, n'ont pas hésité un seul instant avant d'exterminer la quasi-totalité de la population Indienne. De la déportation des Indiens dans les réserves en leur faisant traverser des pays entiers pour les parquer comme du bétail dans des réserves sans eau potable, sans nourriture avec pour seules possession les vêtements qu'ils avaient sur le dos. De la violation des traités par les blancs qui convoitaient l'or et les minerai qui se trouvaient être sur les terres indiennes, de la menace de faire exclure les Indiens de leurs terres s'ils n'autorisaient pas les blancs à venir y chercher l'or, de trahisons en trahison, de massacres en boucheries tous plus sanglants les uns que les autres...

Un cercle vicieux qui se répète ainsi tribue après tribue, des Navajos aux Sioux, des Apaches aux Nez-Percés. Des milliers d'Indiens dépouillés de leurs biens, humiliés, trahis pour le seul bon plaisir des blancs qui, toujours plus cupides et avides de richesses n'ont de cesse de les persécuter.
Injustice, égoïsme, cruauté et oppression sont les maîtres mots de de livre !

Du massacre de Sand Creek où, les Tuniques Bleues, sous le commandement de Custer ont tués sans distinction hommes, femmes, enfants et vieillards avant de les mutiler de la plus cruelle des manières, à Little Big Horn, la plus grande défaites des blancs face aux Indiens (et là, j'ai envie de dire "enfin !") et pour finir à Wounded Knee, où plus de 300 Cheyennes, hommes, femmes et enfants confondus ont été assassinés, a ce stade, on ne parle plus de persécution, mais bel et bien de génocide et de crime contre l'humanité.

Des peuples entiers exterminés pour la seule raison que leur souhait était de vivre en paix sur leurs terres. Mais cela ne convenaient pas aux blancs qui ont décrétés qu'ils ne pouvaient vivre en cohabitation avec les Indiens et ont donc décidés que s'ils voulaient la paix, ils l'obtiendraient à certaines conditions. C'est ainsi que les Indiens se sont vu contraint voir de céder leurs terres sous menace de se voir privés de rations de nourriture et laissé mourir de faim par l'armée américaine s'ils n'accédaient pas aux conditions des blancs.

Si certains, ont capitulés, fatigués de se battre, d'autres ont résistés et sont entrés dans la légende, des grands chefs de guerre, comme Sitting Bull, Géronimo, Spotted Tail, Red Cloud, Crazy Horse, Cochise et bien d'autres encore...
Des Indiens dont leur seule faute était de vivre en paix sur leurs terres, condamnés à la peine capitale car ils refusaient de céder leurs terres aux blancs. Des violentes représailles contre les guerriers indiens, qui, pour venger leurs frères assassinés s'en prennent aux soldats et aux colons, attaque les lignes de diligences pour se procurer des armes et des munitions que les blancs leurs retirent et sans lesquelles ils ne peuvent plus aller chasser. Abusés et trahis, les Indiens sont poussés à de tels actes, mues par la colère et la haine qu'ils éprouvent pour les blancs.
Et pour cela, ils sont condamnés.

Voir un soldat massacrer un Indien est tout ce qui a de plus normal, mais lorsqu'un Indien tue un blanc pour protéger sa famille, la justice n'existe plus et il est coupable de meurtre sans même être jugé ! Quand des Indiens portant le drapeau blanc de la paix sont fusillés avant même d'avoir prononcé le moindre mot, on ose encore parler de justice ?

Et l'ironie de l'histoire veut que les blancs se disent civilisés alors que "le seul bon Indien est un Indien mort". Et les soit disant "sauvages" sont les seuls qui ont vraiment oeuvrés pour apporter une paix durable et constante entre les Indiens et les blancs et qui ont toujours tenus les promesses faites aux blancs. Qui sont mort pour une paix que les blancs leur ont toujours refusée sous n'importe quel prétexte.

Je terminerais cette chronique par un extrait du livre :

"[...]Les quatre captifs, tous des enfants, n'avaient apparemment pas été maltraités. De fait, lorsqu'un soldat demanda au petit Ambrose Archer comment les Indiens l'avaient traité, le garçon de huit ans répondit qu'il aurait "mieux aimé rester avec les Indiens que les quitter".[...]"

Je crois qu'il n'y a rien à ajouter à cela...

Pour conclure, je dirais que malgré le fait qu'il m'ait retourné les tripes, ce livre est vraiment à lire. Un livre qui ouvre les yeux sur la façon dont s'est réellement déroulé "la Conquète de l'Ouest". Ce n'est vraiment pas une lecture facile, dans le sens où il m'a franchement miné le moral, mais je ne regrette vraiment pas de l'avoir lu.



"C’est comme pour Little Big Horn : Les Américains l’ont appelé : "Le massacre de Little Big Horn" parce qu’ils ont perdus.
Ils parlent de la "bataille de Wounded Knee", alors que pour nous ce fut une véritable tuerie. Quand ils gagnent, ils appellent cela une bataille; quand ils perdent, ils appellent cela un massacre.
C’est une façon de contrefaire la vérité et d’influencer les mentalités pour faire croire qu’historiquement, ils ont été dans leurs bon droit !"

White Bird

2 commentaires:

  1. Voilà tout à fait le genre de livre que je ne pourrais pas lire.
    Je ne suis pas naïve, je sais parfaitement comment les choses se sont passées. J'ai déjà une bien piètre opinion de l'espèce humaine, alors n'en rajoutons pas.
    Je suis trop sensible, l'injustice et l'horreur me révoltent trop et me rendent trop malade.
    Je vais plutôt regarder un épisode des Bisounours.

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  2. Putin rien que de lire ta critique j'ai envie d'choper la première carabine à porter de main et aller massacrer tout l'monde !

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